Premières lignes du L’étoile noire de Michelle Maillet

Le principe : prendre un livre et en citer les premières lignes pour te donner envie de le découvrir ! L’idée vient de chez Ma Lecturothèque.

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Quatrième de couverture

Bordeaux, 1943. Au cours d’une rafle, Sidonie et ses jumeaux âgés de cinq ans sont arrêtés : ils sont noirs et ils vont être déportés.

C’est dans l’angoisse et la puanteur du train que commence le long voyage qui mènera Sidonie et ses enfants jusqu’à Auschwitz. A leur arrivée, Désiré, son fils, lui est enlevé ; le sort de sa fille sera plus funeste. Quant à Sidonie, son destin l’attend à Ravensbrück.

Puisant dans ses racines martiniquaises et dans sa foi, elle lutte contre la souffrance et la folie. Dans ce camp où l’horreur est quotidienne, c’est en faisant appel à la mémoire de ses ancêtres africains, esclaves et révoltés, qui ont survécu à des siècles d’oppression, que Sidonie trouvera le courage de se battre, de toutes ses forces…

Premières lignes

Türe auf! Schnell !

Schnell ! Frau Sidonie ! Öffnen Sie !

Des coups sourds, puis des coups secs contre la porte ; des coups de poing, puis des coups de botte ou de crosse de fusil. Et lorsque les coups cessent un instant, les cris reprennent, des vociférations.

Il ne me faut que quelques secondes pour me tirer de mon demi-sommeil, pour me lever, pour refermer derrière moi la porte de ma chambre, pour traverser la cuisine, pour jeter un coup d’œil par la fenêtre. Et presque pour comprendre…

Ils ne sont que des ombres dans le parc, mais je les reconnais.

Je passe mes deux mains sur mon visage, machinalement, comme je fais chaque fois que quelqu’un frappe à la porte, et je me précipite pour ouvrir. Ils me bousculent et passent devant moi. Ils sont déjà au milieu de la cuisine : quatre soldats, bottés, casqués, et deux civils vêtus d’imperméable.

J’avance vers eux ; ils s’approchent de moi ; je recule. L’un des civils se remet à crier :

Los ! Los !

Puis il se tait. Ils ont tous les yeux braqués sur moi. Des regards qui me dévisagent. Et puis les soldats partent d’un grand rire qui me fait trembler. J’entends des mots sans suite :

Negerin ! Negerin ! Frau Sidonie, Negerin ! Unglaublich !

Los ! Jude !

Soudain, je saisis clairement l’absurdité de la situation : une rafle. C’est une rafle, et ils me prennent pour une Juive. Une Juive noire. Et ils se demandent si ça existe.

Alors j’ouvre la bouche pour la première fois, presque calmement, sûre de moi :

Nicht Jude. Catholique. Je suis catholique !


Une lecture poignante dont on ne ressort pas indemne, comme la majorité des récits des camps qu’ils soient fictifs ou réels.

Découvre ma chronique juste ici.

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