
Publication : 2023
Genre : Contemporain, Historique
Edition : Grasset
Nombre de pages : 416 pages
Note : 20/20
Quatrième de couverture
Au cœur de l’Allemagne, l’International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. La jeune Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d’investigation. Méticuleuse, obsessionnelle, elle se laisse happer par ses dossiers, au regret de son fils qu’elle élève seule depuis son divorce d’avec son mari allemand.
A l’automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d’objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé… Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il faut retrouver la trace de son propriétaire déporté, afin de remettre à ses descendants le souvenir de leur parent. Au fil de ses enquêtes, Irène se heurte aux mystères du Centre et à son propre passé. Cherchant les disparus, elle rencontre ses contemporains qui la bouleversent et la guident, de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique ou l’Argentine. Au bout du chemin, comment les vivants recevront-ils ces objets hantés ?
Le bureau d’éclaircissement des destins, c’est le fil qui unit ces trajectoires individuelles à la mémoire collective de l’Europe. Une fresque brillamment composée, d’une grande intensité émotionnelle, où Gaëlle Nohant donne toute la puissance de son talent.
Mon avis
Merci aux éditions Grasset de m’avoir permis de lire ce roman.
Hier soir, j’ai pensé à ces objets qui viennent des camps. Ils ne nous appartiennent pas. On les garde ici, comme des reliques des Enfers. Je crois qu’il est temps de les rendre à qui de droit.
J’ai commencé la lecture de ce livre mi-janvier et je viens tout juste de le refermer après avoir lu les dernières pages. C’est la première fois, je crois, que je ressens le besoin de prendre mon temps de lire un livre. De réellement prendre le temps de digérer et de vivre l’intrigue. Le Bureau d’éclaircissement des destins est un livre qu’on ne veut pas (ou qu’on ne peut pas) lire vite. On y découvre tant d’histoires et de vies bousculées, détruites par l’horreur nazie.
J’ai beaucoup lu sur la Seconde guerre mondiale, les déportations et la Résistance mais ce livre est un ovni dans mes lectures : j’ai tout particulièrement apprécié de voir que la lumière était sur l’humanité des déportés plutôt que sur l’inhumanité de leurs bourreaux.
Si je devais choisir un seul destin dans tous ceux que l’on découvre, je dirais que celui de Lazar m’a le plus touchée. Au fil des chapitres et des recherches d’Irène, un homme torturé et traumatisé se présente à nous. Sa vie m’a paru être une représentation de celles de tous ces rescapés des camps qui ont dû apprendre à vivre avec les horreurs qu’ils ont vécues et été contraints d’expérimenter.
-… Je ne suis jamais rentrée du camp. J’y suis toujours.
Irène se demande si Eva ressentait ça. Si tous les déportés restent prisonniers du camp, comme du champ magnétique d’un trou noir.
À de nombreux moments, le roman parle des morts au travers des vivants et c’est assez rare de lire des livres sur la Seconde guerre mondiale qui évoque aussi cet aspect. La famille, les descendants dont certains ont connu les histoires des déportations toutes leurs vies mais où d’autres découvrent pour la première fois ces histoires. C’est une manière de remettre l’histoire à sa place : dans un passé qu’il ne faut pas oublier.
Je ne sais comment vous exprimer notre reconnaissance. Les documents que vous m’avez envoyés nous bouleversent.
Au-delà du sujet qui m’intéresse particulièrement depuis plusieurs années, j’ai découvert la beauté de la recherche généalogique. Ou devrais-je dire la beauté de découvrir la “petite” histoire dans la grande. On nous apprend l’histoire à l’échelle des pays, de la politique, dans les salles de classe mais il est tout aussi important de se rappeler qu’au cœur de ce conflit des familles et des vies ont été détruites.
Enfin, je tiens à saluer le travail de l’autrice qui a réalisé des recherches approfondies, autant de lectures et de rencontres. Ce qui permet au lecteur de se plonger dans une intrigue de fiction empreint d’une réalité historique parfois violente mais nécessaire pour un tel sujet. Aussi, j’ignore si c’était voulu ou non mais j’ai apprécié découvrir des noms à la place de numéros à chaque chapitre : comme pour conjurer le mauvais sort de la déshumanisation par l’immatriculation des déportés.
C’est ce que vous faites, ici ? Chercher les morts ?
– Oui. Mais quelquefois, en cherchant les morts, on trouve des vivants.
En somme, cette lecture est un réel coup de cœur, le premier de 2023 et surtout une lecture qui m’a marqué et que je vais recommander à tous ceux qui s’intéresse de près ou de loin à ce sujet.
Est-ce que tu l’as lu ? Qu’en as-tu pensé ?
Je ne me serais pas arrêtée sur le titre, que je trouve un peu maladroit, mais ça a l’air très intéressant et très touchant. Je note!
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C’était une lecture bouleversante 😉 Si tu l’as lis, j’espère qu’elle te plaira !
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Merci pour ton article. Moi qui était déjà intéressée par la lecture de ce livre, tu m’as convaincue.
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Je suis contente que cette chronique t’ait donné envie de découvrir le roman ! J’espère qu’il te plaira autant qu’il m’a plu 🙂
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