Charlotte Salomon, peintre de sa vie

Qui était-elle ?

Charlotte Salomon est née à Berlin en 1917 dans une famille juive. Artiste peintre allemande, elle consacre sa vie à son œuvre Leben? oder Theater? (traduit Est-ce la vie ou du théâtre ?). Peu avant son arrestation, elle confie son œuvre à l’un de ses amis en lui disant « Gardez-les bien, c’est toute ma vie ».

Son œuvre regroupe environ 1 325 gouaches et aquarelles montrant sa famille, ses amis, dont elle change les noms. Elle met en scène son enfance, sa jeunesse, mais aussi les événements qu’elle a traversés. Ces œuvres s’accompagnent aussi de textes et de musiques.

Qu’a-t-elle fait ?

Charlotte Salomon fait des études d’art à Berlin et commence à peindre avant la guerre.

En 1933, Adolf Hitler arrive au pouvoir et les communistes, sociaux-démocrates, les syndicalistes et surtout les juifs deviennent les ennemis du peuple. Albert Salomon, le père de Charlotte, perd le droit d’enseigner à l’université mais peut continuer d’exercer la médecine auprès des juifs.

A cause de l’antisémitisme sociétale, la jeune Charlotte Salomon doit quitter le lycée un an avant son bac. Elle consacre donc son temps au dessin et réussit à entrer à l’Académie des arts de Berlin malgré le très faible quota de juifs dans l’établissement. Mais en 1938, elle décide de quitter l’Académie car après avoir gagné un concours anonymement, elle se voit refuser le prix en raison de ses origines juives.

Cette même année a lieu la nuit de Cristal durant laquelle les juifs d’Allemagne sont arrêtés et internés. Le père de Charlotte est interné au camp de concentration de Sachsenhausen mais grâce aux démarches de Paula, sa femme, il est libéré après un mois. La famille décide alors de quitter l’Allemagne. Les parents de Charlotte vont aux Pays-Bas tandis que la jeune femme est envoyée auprès de ses grands-parents maternels en France.

En mai 1940, l’armée allemande lance une offensive contre la France et Charlotte et son grand-père sont internés au camp de Gurs (sa grand-mère maternelle s’étant suicidé en mars de la même année) en tant que ressortissants allemands. Ils seront libérés quelques mois plus tard en raison du mauvais état de santé du grand-père de Charlotte. Maintenant en zone dite libre, Charlotte Salomon s’installe seule et se consacre à son travail d’artiste peintre. C’est à cette période qu’elle élabore l’œuvre de sa vie : Leben? oder Theater? (littéralement : « Vie ? ou théâtre ? »).

En 1942, les Allemands envahissent la zone non occupée. La même année, Charlotte retourne vivre avec son grand-père et laisse entrevoir dans son œuvre que la relation est abusive de la part du grand-père où elle évoque que dix nuits dans un train bondé sont moins pénibles à ces yeux qu’une seule dans la même chambre que son grand-père. Elle finira par empoisonner son grand-père et le peindre lorsque que le poison agit.

L’année qui suit, elle épouse Alexander Nagler, un réfugié juif-autrichien, sans qu’aucun des deux ne cache sa judéité lors des noces. Ce choix ne restera pas sans conséquence puisque le jeune couple est arrêté et déporté. Ils seront envoyés à Drancy puis jusqu’au camp d’Auschwitz. Le jour de son arrivée, Charlotte Salomon, alors enceinte de 5 mois, est envoyé à la mort dans l’une des chambres à gaz du camp tandis que son époux meurt quelques mois plus tard d’épuisement au travail.

Et aujourd’hui ?

Le docteur Moridis, a qui Charlotte Salomon a confié ses œuvres avant d’être déportée, décide de remettre aux parents de l’artiste la petite collection. En effet, les parents Salomon ont survécu au conflit. Le père, notamment, s’est évadé du camp de concentration de Westerbork (Pays-Bas). Le couple décide de conserver soigneusement l’œuvre de leur fille et n’en parle qu’à Otto Frank (père d’Anne Frank), lorsque celui-ci leur rend visite pour avoir leur avis sur le journal intime de la jeune Anne.

En 1959, le couple décide de parler des œuvres de leur fille au Stedelijk Museum (Amsterdam) où ont lieu plusieurs expositions. En 1971, les parents de Charlotte Salomon décident de faire don des œuvres de leur fille au musée d’histoire juive d’Amsterdam.

Le nom de l’artiste est présent dans divers domaines culturels comme l’opéra Charlotte Salomon (2014), le ballet Charlotte Salomon : La mort et la peintre (2015), ou encore le roman Charlotte de David Foenkinos qui s’inspire de la vie de la jeune femme. Enfin, plus récemment, un film d’animation nommé Charlotte (2022) retrace la vie de l’artiste avec la voix de Marion Cotillard pour Charlotte Salomon dans la version française.


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Pour retrouver les précédents portraits : Personnalités inspirantes.

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